Une ONG relève 14 cas de violation de la liberté de la presse en Libye
Tripoli Libye (PANA) - Une ONG libyenne évoluant dans la défense de la liberté de l'information et de la presse, a relevé 14 cas de violation de la liberté de la presse dans la période allant de mai 2021 à mai 2022, dont 10 agressions contre des journalistes dans 5 villes libyennes.
Dans son rapport annuel, l'organisation libyenne pour une information indépendante a indiqué que le rythme des violations de la liberté de la presse durant l'année passée est resté au même niveau que les autres années et elles se sont diversifiées entre des opérations "d'enlèvements, d'arrestations et d'agressions physiques ".
Le rapport fait remarquer que la ville de Syrte (Centre) a enregistré 40% des agressions, suivie de Tripoli et de Benghazi, la deuxième ville du pays située au nord-est (20%), Saraban (60 km à l'ouest de Tripoli et Ajdajia (800 km à l'est) avec 10% des agressions.
Selon l'ONG, les femmes qui travaillent dans le secteur sont victimes de ces agressions dont 10% sont faites contre elles.
La publication des informations confidentielles et l'incitation de l'opinion publique qui figurent dans les textes juridiques répressifs libyens et relatifs à la liberté de la presse sont encore appliqués contre les journalistes malgré la large condamnation de ces textes par la Communauté internationale qui demande leur modification..
L'application de ces textes se fait cependant avec des sanctions sans emprisonnement, se limitent à des amandes sauf si les plaintes déposées concernent l'incitation à la haine religieuse, raciale et ethnique. Ou les articles incriminés incitent à la ségrégation, à la violence, à la guerre ou à la haine incriminés par les textes internationaux.
Selon l'ONG, 29% des violations contre la liberté de la presse sont du fait des autorités des deux pouvoirs législatif et exécutif libyens.
Le rapport a fait plusieurs recommandations dont celles relatives à la nécessité pour les institutions de l'E
tat de protéger les journalistes et les entreprises de presse en application des engagements pris à cet égard, au respect de l'article 19 de la déclaration internationale sur les droits de l'homme et à la nécessité de renforcer la liberté de la presse en apportant une protection légale et constitutionnelle des travailleurs dans le secteur pendant la couverture des événements au quotidien.
L'ONG a exhorté les autorités libyennes à prendre davantage de mesures pour assurer la liberté de la presse et à créer un environnement permettant aux organes de presse de travailler en toute liberté.
L'organisation a demandé au pouvoir législatif en Libye d'adopter une nouvelle loi qui organise la presse dans le pays et de supprimer les législations qui imposent des condamnations allant jusqu'à la peine de mort et qui sont contraires à la Déclaration constitutionnelle de la Libye et aux conventions internationales relatives à la protection de la liberté de la presse signées par l'etat libyen.
Elle a également demandé l'interdiction de juger les journalistes devant des tribunaux militaires et la révision de la loi sur la lutte contre le terrorisme, expliquant que le jugement des citoyens aussi bien civils que militaires devant des tribunaux militaires pour de questions liées à la liberté d'expression, est une violation flagrante des engagements internationaux de la Libye concernant la protection de la liberté d’expression.
Elle a en outre exhorté les autorités à mettre en place des mécanismes opérationnels et efficaces qui mettent fin à l'impunité des auteurs de crimes contre des journalistes en Libye et à l'incitation à la haine.
L'ONG a demandé aux autorités libyennes et à la communauté internationale de poursuivre les auteurs de crimes contre des journalistes et d'adopter un plan de travail onusien sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité.
21 organisations de défense des droits de l'homme libyennes ont signé à l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse 8 demandes qui visent la protection de la liberté de la presse en Libye dont celle relative à l'adoption d'une nouvelle loi pour organiser le secteur de l'information dans le pays et à l'interdiction de l'arrestation preventive pour tous les crimes liés à la publication et à la diffusion.
-0- PANA AD/IN/JSG/SOC 07mai2022