RSF dénonce la suspension de RFI au Burkina Faso
Ouagadougou, Burkina Faso (PANA) - Reporters Sans Frontières (RSF) a dénoncé, lundi, dans un communiqué, la suspension des programmes de Radio France Internationale (RFI) par les autorités burkinabè qui pointent du doigt des "manquements" constatés dans le traitement de l’information liée à la situation sécuritaire par le média français.
Samedi, le gouvernement burkinabé a suspendu jusqu’à nouvel ordre la diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) sur tout le territoire national.
" Reporters sans Frontières (RSF) dénonce un coup porté au droit à l’information" et souligne que des millions d’auditeurs sont privés de leur droit à l’information.
"Cette suspension porte atteinte à la liberté de l’information et au droit de millions de Burkinabés d’y accéder", a déclaré le directeur du Bureau Afrique de RSF, Sadibou Marong, ajoutant que "la crise sécuritaire que traverse le pays ne doit pas être un prétexte pour empêcher les journalistes de la couvrir en toute responsabilité et indépendance. Nous appelons les autorités à revenir sur leur décision au nom du droit du public à des informations plurielles".
Le gouvernement burkinabè accuse RFI d’avoir relayé un "message d'intimidation des populations attribué à un chef terroriste", et d’avoir repris, dans une revue de presse du 2 décembre, "une information mensongère", selon laquelle le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, aurait assuré avoir été visé par une tentative de coup d’état.
Quant à la direction de RFI, elle a déploré cette décision et s’est élevée contre les "accusations totalement infondées mettant en cause le professionnalisme de ses antennes".
RSF note que cette suspension de RFI intervient dans un contexte "d’augmentation des menaces contre les journalistes dans le pays".
Il souligne que l’ancien rédacteur en chef du journal privé l'Événement, Newton Ahmed Barry, a d’ailleurs fait l’objet de nouvelles menaces de mort le week-end dernier, pour avoir dénoncé cette suspension.
En juin dernier, le journaliste avait été menacé sur un enregistrement audio diffusé sur les réseaux sociaux, le traitant de "terroriste" qui "ne mérite pas de vivre".
Lundi dans la soirée, le gouvernement a dit "s’inquiéter de la surenchère verbale et des dérives de langage observées dans l’espace public allant de l’appel à la violence physique, au saccage des biens jusqu’au meurtre des personnes", rappelant que les derniers cas en date se rapportent aux journalistes Lamine Traoré du Groupe Oméga Médias et Newton Ahmed Barry visés par de violents propos relayés sur les réseaux sociaux.
"Le gouvernement condamne fermement et sans ambiguïté de tels propos qui font le lit de l’intolérance et de la désunion" et "appelle les auteurs à se ressaisir et l’opinion publique à se démarquer de tels agissements qui compromettent la cohésion sociale et notre vivre-ensemble", indique le communiqué.
Le Burkina Faso se situe à la 41éme place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.
-0- PANA TNDD/JSG/SOC 06déc2022