Le mois d’octobre jalonné d’une série de crimes politiques non-élucidés au Burundi
Bujumbura, Burundi (PANA) - Au Burundi, la date du 13 octobre marque l’assassinat, en 1961, du Prince Louis Rwagasore, Héros de l’indépendance nationale ; celle du 21, le coup d’Etat militaire de 1993 qui a emporté la vie du président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, suivie de massacres interethniques sans précédent, le tout dans l’impunité presque généralisée, déplore l'opinion à chacun des ces tristes anniversaires.
Les deux crimes peinent à être clairement élucidés dans un pays à instabilité politique chronique depuis son émancipation vis-à-vis de la tutelle belge.
L’opinion reste suspendue aux résultats de la nouvelle Commission nationale sur la Vérité et la Réconciliation (CVR), appelée à enquêter sur tous les crimes de sang ayant endeuillé le Burundi depuis l’époque coloniale allemande et belge (1985-1962).
Pour le moment, les faits historiques connus sur ces deux crimes politiques marquants au Burundi concluent à des complots aux diverses ramifications.
Dans le cas du prince Rwagasore, il est le premier Premier ministre du Burundi indépendant.
Certaines archives concluent sur l’implication de la tutelle belge dans l’assassinat de l’encombrant nationaliste de la tempe des autres pères des indépendances africaines, comme Kwame Nkrouma du Ghana et Patrice Lumumba, de l’ex-Congo-Kinshasa.
L’héritier du Roi Mwambutsa IV sera lâchement assassiné d'une balle dans le dos par un tireur embusqué, au moment où il dînait avec ses ministres dans un grand restaurant des abords du Lac Tanganyika, à Bujumbura.
Le tireur s’est avéré être Jean Kageorgis, un jeune homme de la lignée des grandes familles grecques commerçantes établies au Burundi de longue date. Il sera exécuté par pendaison publique.
C’est en 1956 que le Prince burundais avait entamé sa carrière politique à la tête du parti de l’Unité nationale (UPRONA), après de brillantes études universitaires chez les Belges.
En mars 1960, Rwagasore réclame ouvertement l'indépendance totale du Burundi et incite la population à boycotter les magasins belges et à refuser de payer les impôts, ce qui lui vaudra la résidence surveillée.
Le 18 septembre 1961, des élections législatives sont organisées sous la supervision des Nations unies et l'UPRONA de Rwagasore les remportent haut la main, sur une large victoire de 80 % des voix.
Le Prince Louis Rwagasore devient Premier ministre du Burundi le 29 septembre 1961, avant d’être assassiné un an plus tard.
Dans le cas du « Héros de la démocratie », Melchior Ndadaye, un procès jugé "historique" a débuté en ce mois d’octobre, soit 26 ans après les faits.
Le procès est en cours à Gitega, la nouvelle capitale du Burundi, devant la Chambre judiciaire de la Cour suprême du pays, contre 17 anciens hauts gradés de l'Armée nationale.
Un mandat d’arrêt international court également contre l'ancien président du Burundi et commandant en chef des Armées de l’époque, le Major Pierre Buyoya.
L’actuel haut représentant de l'Union africaine au Mali et dans le Sahel jouit toutefois d’une immunité diplomatique qui le met momentanément à l’abri des poursuites judiciaires.
Un précédent procès n’avait concerné que de simples « exécutants » dans l’affaire d’assassinat du président Ndadaye dont le nom a été récemment dédié à l’aéroport international de Bujumbura, la capitale politique du Burundi, en guise d'hommages.
Au Burundi, le Héros de l’indépendance et celui de la démocratie ont été encore immortalisés par des monuments et autres effigies sur des billets de banque.
Le Burundi a encore frôlé la guerre civile suite aux élections controversées et émaillées de violences de 2015, dont une tentative de putsch militaire manqué.
De nouvelles élections générales se profilent à l'horizon 2020 dans un contexte encore tendu par celles mouvementées de 2015, note-t-on.
-0- PANA FB/BEH/IBA 13oct2019