Le FIDH-OMCT dénonce le harcèlement judiciaire des autorités nigériennes contre la journaliste Samira Sabou
Paris, France (PANA) – L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) a dénoncé le harcèlement judiciaire contre la journaliste Samira Sabou, emprisonnée depuis son arrestation le 11 juin dernier et dont le verdict de son procès, intenté par le fils du président du Niger pour diffamation, est attendu pour ce mardi.
« Les poursuites à l’encontre de Mme Samira Sabou pour des propos tenus par une autre personne, n’ont aucun fondement juridique et doivent donc être immédiatement abandonnées. Le fait qu’elle et d’autres de ses confrères soient ciblés pour leur travail journalistique est très inquiétant et en dit long sur l’état de la liberté de la presse et de la liberté d’expression au Niger », a dénoncé lundi, Alice Mogwe, présidente de la FIDH dans un communiqué de presse, tout en demandant l’acquittement et la libération de la journaliste.
Sani « Abba » Mahamadou Issoufou, fils et directeur adjoint du Cabinet du président du Niger, rappelle-t-on, a porté plainte contre la journaliste pour un commentaire posté par une personne tierce sous une publication Facebook de Samira Sabou en date du 26 mai 2020, dans laquelle elle faisait référence à un audit du ministère de la Défense nigérien faisant état d’une surfacturation et de détournements de fonds lors de l’achat de matériels militaires.
Samira Sabou, en détention préventive à la prison civile de Niamey dans l’attente du verdict de son procès, est poursuivie pour diffamation au titre de l’article 29 de la loi sur la cybercriminalité du 25 juin 2019 et risque jusqu’à trois ans de prison et une amende de cinq millions de francs CFA.
Lors de la première audience de son procès qui s’est tenue le 14 juillet 2020, le procureur de la République a requis un mois et une semaine de prison ferme, et un million de francs CFA d’amende, à l’encontre de Mme Sabou. La partie civile a par ailleurs demandé un dédommagement de cinq millions de francs CFA. Le délibéré a été renvoyé au 28 juillet 2020.
« Au-delà des journalistes, ce sont plus généralement tous les défenseurs des droits humains qui voient leurs libertés se restreindre au Niger. Pour ne citer qu’un exemple, Maikoul Zodi, Halidou Mounkaila et Moussa Moudy sont toujours détenus pour avoir participé à une manifestation anti-corruption. Nous appelons à leur libération, ainsi qu’à celle de Samira Sabou et de tous les défenseurs des droits humains arbitrairement détenus au Niger », a soutenu le secrétaire général de l’Observatoire, partenaraire de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), qui a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.
-0- PANA BM/BEH/SOC 27juil2020