PANAPRESS
Agence Panafricaine d'information
L'insécurité en Libye met en péril le patrimoine culturel libyen
Tripoli, Libye (PANA) - L'attentat à l'explosif perpétré dernièrement contre la mosquée al-Qods en plein centre-ville de Tripoli vient couronner une longue série d'actes de vandalisme ciblant des lieux de culte, perpétrés par des groupes de la mouvance Wahhabite.
Plusieurs mausolées ont été détruits par des islamistes extrémistes à coups de pelleteuse ou d'explosifs à travers le pays depuis 2011 après la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
Pour ces intégristes, ces sanctuaires érigés à la mémoire de saints contreviennent à leur interprétation puritaine de l'Islam.
Le wahhabisme est un mouvement politico-religieux saoudien, fondé au XVIIIe siècle par Mohammed Ben Abdelwahhab. Selon cette vision puritaine et rigoriste de l'Islam sunnite hanbalite, l'Islam devrait être ramené à sa forme originelle qu'il définit selon son interprétation orthodoxe et conservatrice du Coran et des hadiths.
La dernière attaque en date fut la statue de la gazelle, un monument datant de l'époque de la colonisation italienne représentant une femme enlaçant une gazelle construite sur la place baptisée "La gazelle" en plein centre-ville qui a été détruite à l'explosif par des extrémistes.
En octobre 2014 , une série de profanations des mosquées et sites du patrimoine culturel dans la capitale Tripoli tombée sous la coupe des milices islamistes de Fajr Libya, a fait réagir l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), qui a condamné vigoureusement la vague d'actes de vandalisme qui cible le patrimoine culturel dans la capitale libyenne, Tripoli.
Ainsi, le 7 octobre dernier, un groupe d'hommes armés a pris d'assaut et saccagé la mosquée Karamanli, une des plus belles et célèbres mosquées de Tripoli, construite par Ahmed Paschia en 1738. Les carreaux en céramique et les décorations intérieures en marbre ont été détruits et le plancher complètement arraché.
Le 11 octobre, la Madrasa historique Othman Pacha de la communauté soufie de Tripoli a été prise pour cible et elle sera dévastée et pillée par des hommes armés. Plus tard, le même jour, un autre groupe a attaqué la mosquée Darghout, célèbre mosquée dédiée au premier gouverneur ottoman de Tripoli. Ce site patrimonial ne devra sa sauvegarde qu'à des citoyens et bénévoles locaux qui protégeaient le bâtiment et l'ont défendu contre les vandales.
La directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, avait condamné fermement ces attaques contre des bâtiments du patrimoine culturel et religieux de la vieille ville de Tripoli, affirmant que "le pillage et le trafic illicite d'objets culturels ne peuvent qu'approfondir les plaies de la société libyenne qui lutte pour le retour à la normale et pour se relever".
"Ces attaques ne peuvent pas être considérées de façon isolée ou comme des dommages collatéraux. Elles s'inscrivent dans un contexte global d'attaques répétées et délibérées contre le patrimoine culturel en Libye et ailleurs, qui menacent la cohésion sociale et alimentent la violence et la division au sein de la société", avait ajouté Mme Bokova.
En novembre 2013, un mausolée à Tajoura dans la banlieue-est de Tripoli, datant du 16ème siècle et qui constituait l'un des plus anciens de capitale, a été attaqué à l'explosif.
En mars 2013, à Tajoura également, le mausolée de Sidi Mohammad Al-Andalousi, un théologien soufi du XVème siècle, avait été soufflé par une explosion.
Des dizaines d'intégristes avaient fait exploser en 2012 le mausolée du cheikh Abdessalem Al-Asmar, un théologien soufi du XVIème siècle, à Zliten (160 km à l'est de Tripoli), le plus important en Libye. Une bibliothèque et une université au nom du cheikh Al-Asmar ont également été la cible d'actes de destruction et de pillage.
Pays charnière en Afrique et Europe, la Libye a été, de par sa position géographique, un carrefour des civilisations qui se sont installées dans le pays à travers les différentes époques de l'histoire, les Pharaons, les Puniques, les Berbères, les Turcs, les Arabes et autres qui ont laissé un riche patrimoine culturel et civilisationnel.
Les vestiges archéologiques, notamment romains, et les peintures rupestres dans les grottes d'Akakos sont aujourd'hui menacés dans le sillage de l'effondrement des organes de sécurité et du chaos qui s'est installé en Libye avec un Etat bicéphal, deux gouvernements et deux Parlements.
Une situation qui a favorisé un essor des groupes djihadsites extrémistes tels que Daech (Etat islamique).
Des villes comme Leptus et Magna, Sabratha et autres, recélant des sites archéologiques ont été pillées, pire, elles ont été envahies par les habitants qui ont construit des maisons, s'appropriant les espaces en l'absence de l'autorité de l'Etat.
La destruction intentionnelle de sites du patrimoine culturel en Libye, en particulier des sanctuaires soufis et des bibliothèques à Zliten, Misrata et Tripoli, a soulevé l'inquiétude de la communauté internationale.
Aussi, l'UNESCO a-t-elle lancé un appel à tous les partenaires nationaux et internationaux pour renforcer les actions et la vigilance afin de protéger le patrimoine culturel de la Libye dans un contexte de turbulences croissantes et d'insécurité.
Selon l'agence onusienne, les édifices religieux historiques de la vieille ville de Tripoli sont un patrimoine commun de tous les Libyens, mais ils sont de plus en plus souvent la cible de vandalisme délibéré et soumis aux risques de pillage et de trafic illicite. L'UNESCO a réitéré son engagement à travailler et à collaborer avec les autorités libyennes en vue de renforcer les mesures d'urgence pour la protection du patrimoine culturel de la Libye.
Des conservateurs du patrimoine et des archéologues libyens avaient tenu en février dernier une rencontre au cours de laquelle ils ont exposé la situation de menace sur le patrimoine du pays et ont lancé un appel à l'UNESCO pour les aider à préserver et à conserver l'héritage culturel et de civilisation du pays, classé patrimoine de l'humanité.
Dans cette perspective, l'UNESCO a proposé une formation sur les situations d'urgence et la prévention des risques pour permettre aux autorités libyennes de procéder à une évaluation rapide, de documenter et de surveiller le patrimoine.
Par ailleurs, l'Autorité de conservation de l'archéologie en Libye a tenu ce mardi une réunion à Tunis, la capitale tunisienne, avec le bureau de l'UNESCO en Libye qui s'est installé provisoirement en Tunisie en raison de l'insécurité, pour examiner les dispositions et les mesures pour circonscrire les menaces contre le patrimoine culturel en Libye.
Selon un expert de l'UNESCO présent à la rencontre, l'objectif est d'arriver à des résultats pratiques pouvant être mis en œuvre directement après cette réunion. Il s'agit aussi de discuter des moyens de faire profiter à la Libye les projets financés par l'UNESCO et de soutenir l'Autorité de conservation de l'archéologie en Libye dans le contexte de la crise politico-sécuritaire que traverse le pays actuellement.
-0- PANA BY/TBM/SOC 28avr2015
Plusieurs mausolées ont été détruits par des islamistes extrémistes à coups de pelleteuse ou d'explosifs à travers le pays depuis 2011 après la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
Pour ces intégristes, ces sanctuaires érigés à la mémoire de saints contreviennent à leur interprétation puritaine de l'Islam.
Le wahhabisme est un mouvement politico-religieux saoudien, fondé au XVIIIe siècle par Mohammed Ben Abdelwahhab. Selon cette vision puritaine et rigoriste de l'Islam sunnite hanbalite, l'Islam devrait être ramené à sa forme originelle qu'il définit selon son interprétation orthodoxe et conservatrice du Coran et des hadiths.
La dernière attaque en date fut la statue de la gazelle, un monument datant de l'époque de la colonisation italienne représentant une femme enlaçant une gazelle construite sur la place baptisée "La gazelle" en plein centre-ville qui a été détruite à l'explosif par des extrémistes.
En octobre 2014 , une série de profanations des mosquées et sites du patrimoine culturel dans la capitale Tripoli tombée sous la coupe des milices islamistes de Fajr Libya, a fait réagir l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), qui a condamné vigoureusement la vague d'actes de vandalisme qui cible le patrimoine culturel dans la capitale libyenne, Tripoli.
Ainsi, le 7 octobre dernier, un groupe d'hommes armés a pris d'assaut et saccagé la mosquée Karamanli, une des plus belles et célèbres mosquées de Tripoli, construite par Ahmed Paschia en 1738. Les carreaux en céramique et les décorations intérieures en marbre ont été détruits et le plancher complètement arraché.
Le 11 octobre, la Madrasa historique Othman Pacha de la communauté soufie de Tripoli a été prise pour cible et elle sera dévastée et pillée par des hommes armés. Plus tard, le même jour, un autre groupe a attaqué la mosquée Darghout, célèbre mosquée dédiée au premier gouverneur ottoman de Tripoli. Ce site patrimonial ne devra sa sauvegarde qu'à des citoyens et bénévoles locaux qui protégeaient le bâtiment et l'ont défendu contre les vandales.
La directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, avait condamné fermement ces attaques contre des bâtiments du patrimoine culturel et religieux de la vieille ville de Tripoli, affirmant que "le pillage et le trafic illicite d'objets culturels ne peuvent qu'approfondir les plaies de la société libyenne qui lutte pour le retour à la normale et pour se relever".
"Ces attaques ne peuvent pas être considérées de façon isolée ou comme des dommages collatéraux. Elles s'inscrivent dans un contexte global d'attaques répétées et délibérées contre le patrimoine culturel en Libye et ailleurs, qui menacent la cohésion sociale et alimentent la violence et la division au sein de la société", avait ajouté Mme Bokova.
En novembre 2013, un mausolée à Tajoura dans la banlieue-est de Tripoli, datant du 16ème siècle et qui constituait l'un des plus anciens de capitale, a été attaqué à l'explosif.
En mars 2013, à Tajoura également, le mausolée de Sidi Mohammad Al-Andalousi, un théologien soufi du XVème siècle, avait été soufflé par une explosion.
Des dizaines d'intégristes avaient fait exploser en 2012 le mausolée du cheikh Abdessalem Al-Asmar, un théologien soufi du XVIème siècle, à Zliten (160 km à l'est de Tripoli), le plus important en Libye. Une bibliothèque et une université au nom du cheikh Al-Asmar ont également été la cible d'actes de destruction et de pillage.
Pays charnière en Afrique et Europe, la Libye a été, de par sa position géographique, un carrefour des civilisations qui se sont installées dans le pays à travers les différentes époques de l'histoire, les Pharaons, les Puniques, les Berbères, les Turcs, les Arabes et autres qui ont laissé un riche patrimoine culturel et civilisationnel.
Les vestiges archéologiques, notamment romains, et les peintures rupestres dans les grottes d'Akakos sont aujourd'hui menacés dans le sillage de l'effondrement des organes de sécurité et du chaos qui s'est installé en Libye avec un Etat bicéphal, deux gouvernements et deux Parlements.
Une situation qui a favorisé un essor des groupes djihadsites extrémistes tels que Daech (Etat islamique).
Des villes comme Leptus et Magna, Sabratha et autres, recélant des sites archéologiques ont été pillées, pire, elles ont été envahies par les habitants qui ont construit des maisons, s'appropriant les espaces en l'absence de l'autorité de l'Etat.
La destruction intentionnelle de sites du patrimoine culturel en Libye, en particulier des sanctuaires soufis et des bibliothèques à Zliten, Misrata et Tripoli, a soulevé l'inquiétude de la communauté internationale.
Aussi, l'UNESCO a-t-elle lancé un appel à tous les partenaires nationaux et internationaux pour renforcer les actions et la vigilance afin de protéger le patrimoine culturel de la Libye dans un contexte de turbulences croissantes et d'insécurité.
Selon l'agence onusienne, les édifices religieux historiques de la vieille ville de Tripoli sont un patrimoine commun de tous les Libyens, mais ils sont de plus en plus souvent la cible de vandalisme délibéré et soumis aux risques de pillage et de trafic illicite. L'UNESCO a réitéré son engagement à travailler et à collaborer avec les autorités libyennes en vue de renforcer les mesures d'urgence pour la protection du patrimoine culturel de la Libye.
Des conservateurs du patrimoine et des archéologues libyens avaient tenu en février dernier une rencontre au cours de laquelle ils ont exposé la situation de menace sur le patrimoine du pays et ont lancé un appel à l'UNESCO pour les aider à préserver et à conserver l'héritage culturel et de civilisation du pays, classé patrimoine de l'humanité.
Dans cette perspective, l'UNESCO a proposé une formation sur les situations d'urgence et la prévention des risques pour permettre aux autorités libyennes de procéder à une évaluation rapide, de documenter et de surveiller le patrimoine.
Par ailleurs, l'Autorité de conservation de l'archéologie en Libye a tenu ce mardi une réunion à Tunis, la capitale tunisienne, avec le bureau de l'UNESCO en Libye qui s'est installé provisoirement en Tunisie en raison de l'insécurité, pour examiner les dispositions et les mesures pour circonscrire les menaces contre le patrimoine culturel en Libye.
Selon un expert de l'UNESCO présent à la rencontre, l'objectif est d'arriver à des résultats pratiques pouvant être mis en œuvre directement après cette réunion. Il s'agit aussi de discuter des moyens de faire profiter à la Libye les projets financés par l'UNESCO et de soutenir l'Autorité de conservation de l'archéologie en Libye dans le contexte de la crise politico-sécuritaire que traverse le pays actuellement.
-0- PANA BY/TBM/SOC 28avr2015