Forte participation au Sommet de la Francophonie à Djerba, en Tunisie
Tunis, Tunisie (PANA) - Reporté à deux reprises depuis 2020, en raison, "officiellement", de la pandémie de Covid-19, le XVIIIe Sommet de la Francophonie s’ouvre samedi et se poursuivra pendant deux jours à Djerba, en Tunisie, avec la participation de plus de 60 délégations de haut niveau, selon le ministre tunisien des Affaires étrangères, Othman Jérandi.
Outre le président français, Emmanuel Macron, qui sera accompagné d’une forte délégation ministérielle et de chefs d’entreprise, les organisateurs assurent que le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, sera présent, malgré les réserves qu’Ottawa avait manifestées au départ, en raison de la politique autoritaire suivie par le président Kaïs Saied depuis qu’il s’est accaparé les pleins pouvoirs en juillet 2021.
Selon le coordinateur du Sommet, Mohamed Trabelsi, de nombreux chefs d’Etat africains dont les présidents du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Gabon, de Mauritanie, du Niger et du Burundi participeront aussi à la rencontre de Djerba, sachant que 30% des 88 membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sont des pays d'Afrique subsaharienne.
Un dispositif sécuritaire exceptionnel a été mis en place sur l’île de Djerba, un pôle touristique du Sud-tunisien, qui a connu de grandes transformations grâce aux travaux menées depuis près de deux ans pour l’aménagement de dizaines de kilomètres de routes, l’amélioration des infrastructures et de l’environnement.
Depuis une semaine, les manifestations parallèles précédant la conférence au sommet ont imprégné "un nouveau visage" à l’île de Djerba, qui dispose de nombreux monuments historiques multiconfessionnels millénaires, comme la synagogue de la Ghriba, la plus ancienne d’Afrique, datant de 2.500 Avant Jésus-Christ, selon la légende.
Des espaces dédiés aux activités culturelles et artistiques ont été aménagés pour la circonstance.
Un "Village de la francophonie", qui illustre les traditions culturelles et l’artisanat des pays participants, a connu une forte affluence des visiteurs.
A l’entrée du village, une plaque porte l’emblème « Djerba, paix et tolérance », en référence à la cohabitation harmonieuse de longue date entre les communautés musulmane et juive.
Ces "atouts" ont incité les autorités locales à candidater pour inscrire l’île dans le patrimoine universel de l’UNESCO, selon Mohamed Trabelsi.
Le Sommet sera suivi d’un Forum économique les 21 et 22 novembre à travers lequel, la Tunisie espère nouer des partenariats avec les pays membres et attirer des investissements.
Il sera couronné par un document final intitulé la "''Déclaration de Djerba" qui récapitule les positions de l'OIF sur les questions politiques, sociales et économiques de l'heure, a déclaré à la presse la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo.
Selon cette ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda, le conseil ministériel de l’OIF, qui a préparé le Sommet, devait aussi se pencher sur "les moyens de faire évoluer la langue française dont l’emploi recule par rapport à la langue anglaise en Europe et dans les organisations internationales".
Tunis attend "des recommandations concrètes et des initiatives pionnières susceptibles de donner un nouvel élan à la coopération au sein de l'espace francophone dans tous les domaines" et de lancer des partenariats à même de créer des opportunités d’emploi pour résorber le chômage dont les taux sont élevés, a déclaré le chef de la diplomatie tunisienne.
Selon lui, les défis auxquels sont confrontés les pays membres résident dans la sécurité alimentaire et énergétique, les moyens de surmonter les répercussions socio-économiques résultant de la pandémie de Covid-19, les questions du financement du développement et de l'endettement.
Il cite également la résilience face aux effets du changement climatique, la lutte contre l'extrémisme violent, l'autonomisation des femmes et des jeunes, outre l'examen des moyens de réduire le gouffre numérique.
M. Jerandi estime que les valeurs de solidarité, d'égalité, de dialogue, de diversité et de coexistence sur lesquelles se fonde la francophonie, seraient de nature à surmonter les défis existants.
Le problème de la migration n’est pas à l’ordre du jour, mais sera évoqué lors des entretiens bilatéraux entre les dirigeants des pays francophones, tout comme les questions de la démocratie et des libertés qui ont été soulevées notamment au cours d’un entretien entre le ministre tunisien des Affaires étrangères et son homologue canadienne, Mélanie Joly.
Vendredi, des manifestants venus de Zarzis, une ville située à une cinquantaine de kilomètres, ont été refoulés par la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser.
Ils comptaient se rendre sur les lieux du sommet où se trouvaient plusieurs hauts responsables tunisiens, pour protester contre ce qu'ils considèrent comme des défaillances des autorités dans la gestion du drame qui a secoué leur ville à la suite naufrage d'une embarcation de migrants irréguliers et qui a fait 18 morts et disparus.
Ils étaient en colère à cause de l'inhumation de plusieurs victimes dans "le cimetière des inconnus", sans qu'il soit procédé aux analyses ADN pour les identifier.
Néanmoins, la secrétaire générale de l’OIF s’est dite «très confiante pour un sommet réussi.» au regard des efforts déployés par les autorités tunisiennes à cet effet depuis deux ans.
"Le rendez-vous de Djerba, tant attendu, est celui de la maturité de notre Organisation, forte de ses succès passés et désormais prête à affronter sereinement l’avenir", a-t-elle déclaré au magazine tunisien « Leaders ».
-0- PANA BB/JSG 19nov2022